Il était une fois... ou pas !
Mon bébé a montré le bout de son nez un 15 mars ensoleillé. C’était une belle journée, décor propice à son arrivée. Neuf mois que je l’attendais, ce petit bébé, moi qui n’était encore qu’une ado.
J’ai désiré le "garder" malgré les arguments raisonnables et raisonnés qui valsaient autour de moi.
Envers et contre tous, je l’ai choyé dans mon moi jusqu’au jour de sa naissance.
Le grand jour arrivé, dans la douleur nous nous sommes rencontrés : Un petit bonhomme bleuté par une naissance tourmentée, avec ses petits yeux en amande, il m’a regardé.
L’âge n’a pas d’importance, je me suis sentie mère et fière dès l’instant où nos peaux se sont touchées.
Tous autour de moi, n’avaient pas l’air réjouit et je ne comprenais pas pourquoi. Mon petit homme est parti pour les examens traditionnels et là, la blouse blanche se pencha vers moi et le verdict tomba comme deux mains cherchant à me couper le souffle.
Une fée s’était penchée sur son berceau, et lui avait offert un chromosome de trop.
Oh maléfice, ce n’était pas un cadeau. Un mauvais sort, une punition... ma tête, mon cœur, tout mon corps était meurtri par cette annonce brutale. De retour près de moi, ce petit être devenu rose avait une frimousse particulière, comme celles qu’il m’arrivait de croiser dans la rue et que je regardais avec tant de tristesse et d’empathie.
La trisomie, mais pourquoi lui, mais pourquoi moi, je n’ai pas 20 ans. Je suis plongée dans un cauchemar. Ma famille, les amis, tous pleurent autour de moi.
Mon corps est en feu. Ne pleurez pas, c’est mon bébé !
Obligée de les rassurer, tout va bien se passer, je suis maman, c’est mon enfant.
Mes parents cherchent à me consoler mais ils sont également effondrés. Ils se sentent obligés de m'éclairer et m’asseoir dans la réalité.
Pendant des heures, je l'ai regardé, admiré, dorloté, lui si calme, si rond, si beau.
Toutes les discours m'agacent, il est mon fils, il est ma vie.
L'avenir, c'est demain et aujourd'hui je suis mère et déjà je l'aime plus que tout. Rien ne peut y changer, les pronostics difficiles, les années de galères... on n'en sait rien, je n'en sait rien.
Après un départ laborieux, petit homme arrive à la maison et c'est le début d'une grande passion. Tout doucement il se construit, on pleure, on rit...
On me l'avait prédit, maléfice oh maléfice, c'est difficile, il se développe au ralenti. Je pleure, j'ai honte parfois. C'est tellement dur ce sentiment lorsque je croise une personne et que sa différence me gêne. J'ai honte d'avoir honte, je pleure mais il me sourit et c'est l'amour de ma vie.
Il a trois ans, il est si beau à mes yeux mais pourquoi ne me parle-t-il pas ? Mais où est sa voix ?
L'avenir, c'est maintenant, il ne grandit pas comme les autres enfants. Pas de mots, pas de pot, ça se complique. Pas d'école, pas de bol, son parcours est différent. Je pleure, je ris et je me dis que ce n’est pas fini.
Il crie beaucoup, il gesticule, je me questionne. Et puis c'est dit, mon petit gars est trisomique mais il est aussi autiste. Il a 8 ans, je pleure, je ris mais il est si gentil.
Aujourd'hui, il a 26 ans. Il n'est pas grand. Il crie beaucoup, il rit aussi. C'est mon petit pour toute la vie.
La vie n'est pas un conte de fée, mais pour rien je ne voudrais la changer !
Bise les amis et haut les coeur